samedi 31 mai 2014

Zoothérapie : des chiens pour aider les militaires à surmonter leurs traumatismes

Pour aider les militaires américains à vaincre les traumatismes liés à la guerre, l'armée a parfois recours à des chiens, spécialement entraînés pour ce genre de situation. La présence de chiens aux côtés des psychologues permettrait de rendre la thérapie plus agréable et aurait des bénéfices scientifiquement prouvés.

Le lieutenant-colonel Lexy, de la base américaine de Fort Bragg, n’est pas une militaire comme les autres. Elle a quatre pattes, des poils et aime qu'on la gratte entre les oreilles. Lexy est le berger allemand de la psychiatre de la base militaire, mais aussi son assistante, et presque une collègue de travail. L’utilisation d'animaux dans le milieu médical, ou zoothérapie, et particulièrement des chiens, se développe depuis quelques années. En France, les chiens peuvent être utilisés dans le cadre de programmes de rééducation physique, par exemple. Mais il a été démontré que le contact avec ces animaux peut également aider à soigner des victimes de traumatismes mentaux. Aux Etats-Unis, les vétérans des guerres en Afghanistan et en Irak peuvent bénéficier de la présence de chiens dans le cadre du traitement de leurs blessures de guerre psychologiques. Anxiété, stress post-traumatique, dépression, irritabilité … Le retour au pays après avoir servi dans les guerres au Moyen-Orient s’avère souvent difficile pour les soldats américains.

Les chiens rendent la thérapie plus attrayante

Un reporter d'Associated Press a rencontré l’un d’entre eux, le Sergent Dennis Swols, basé à Fort Bragg, en Caroline du Nord. Il a été envoyé trois fois en Iraq, et trois fois en Afghanistan. Depuis, il souffre de stress post-traumatique. "J’ai du mal à parler aux gens de mes déploiements militaires et de toutes ces choses-là", confie Swols. Suivre une psychothérapie n’est pas non plus une expérience facile pour les vétérans, qui sont réticents à l’idée d’entrée dans le cabinet d’un psychiatre. Pour inciter les militaires à venir se confier à elle, Catherine Runmayor, la thérapeute de la clinique de Fort Bragg, a décidé de tirer partie du caractère affectueux de son chien de 5 ans. Pendant deux ans et demi, Lexy a suivi un entraînement spécial. Elle a appris à obéir aux ordres, à se contrôler, à se familiariser avec un environnement médical et surtout à réagir dans des situations de difficulté ou de détresse morale. Pour le sergent, la simple présence du chien et la possibilité de le toucher sont déjà bénéfiques. Durant ses séances avec la psychiatre, Lexy se couche aux pieds de Swols : "Je ne fais que caresser Lexy. Ou alors je m’assieds et nous ne parlons pas de mes déploiements, mais seulement du chien. Ma journée devient plus agréable à chaque fois que je rentre", raconte le sergent.

Le contact avec un chien joue sur notre mental

Des études scientifiques ont déjà prouvé que le fait de caresser un chien joue sur nos hormones. Le Dr. Dawn A. Marcus, du département d’anesthésiologie de l’Ecole de médecine de l’Université de Pittsburgh, explique que le niveau des hormones du stress, comme l’adrénaline, peut baisser, alors que celui des endorphines, liées au plaisir, augmente. Après une interaction avec un chien, il a également été constaté que le niveau d’ocytocine augmente. Cette hormone a un effet anti-stress et augmente la résistance à la douleur, et serait liée au sentiment d’affection. Enfin, la pression sanguine diminuerait et la respiration deviendrait plus calme et régulière lorsque l’on interagit avec un chien.

Des animaux empathiques ?

De son côté, Debbie Custance, psychologue et professeur à l’Université de Londres, a mené une recherche afin de déterminer si les chiens peuvent éprouver de l’empathie, rapporte National Geographic. Elle a observé la réaction de chiens face à leur maître et à des étrangers en train de pleurer ou de fredonner. Presque tous les chiens sont venus lécher ou se frotter contre les personnes en pleurs, mais ne se sont pas occupés de celles qui ne faisaient que chantonner. Le capitaine Robert Koffman, qui travaille au National Intrepid Center of Excellence, une structure liée à la recherche médicale pour les militaires, a même entraîné son chien-thérapeute à rapporter des mouchoirs aux personnes en détresse ou en pleurs. Catherine Runmayor considère Lexy comme son assistante, qu’elle promène dans la base militaire pour attirer les soldats, et éventuellement les mener à se confier à elle. "Les traumatismes sont l’un des gros problèmes que les militaires essaient vraiment de surmonter, les troubles du comportement étant les plus importants, je pense. Et Lexy est probablement mon meilleur atout pour les faire surmonter ces traumatismes", explique la psychiatre.

Une pratique de plus en plus répandue

Certaines associations, comme Paws For Purple Hearts, proposent également aux vétérans de l’armée américaine d’adopter des Golden Retrievers et des Labrador Retrievers pour les assister dans leur vie de tous les jours (voir vidéo ci-dessus). Selon Le lieutenant colonel Matthew St. Laurent, thérapeute en chef au centre médical militaire Walter Reed, l’utilisation des chiens comme aide à la thérapie est aujourd’hui approuvée et de plus en plus soutenue au sein du monde militaire. Mais il ajoute que des recherches scientifiques sont encore nécessaires afin de mieux déterminer comment et à quel moment il est préférable d’avoir recours aux chiens-thérapeutes. 

En savoir plus: http://www.maxisciences.com/chien/zootherapie-des-chiens-pour-aider-les-militaires-a-surmonter-leurs-traumatismes_art32559.html Copyright © Gentside Découverte

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