vendredi 27 novembre 2009

Le rôle des animaux de compagnie dans le développement émotionnel des enfants


La réflexion et l'étude de Triebenbacher en 1998 ("Pets as transitional objects : their role in children emotional development") permet une bonne approche du concept d'objet transitionnel au sujet des animaux de compagnie.

Cet objet transitionnel peut être compris dans l'étude de l'attachement mère-enfant. Il est clair que les êtres humains ont un besoin inné d'interactions sociales, notamment avec des personnes d'attachement (e.g. mère, père). Les comportements d'attachement (sourire, toucher...) indiquent un lien émotionnel entre un individu et l'objet de son attachement, que cet objet soit vivant ou inanimé. C'est d'ailleurs Winnicott (1953) qui est le premier à discuter le terme d'objet transitionnel dans le cas d'objets physiques non vivants (e.g. couverture, doudou...). Les enfants peuvent développer de forts attachements à ces objets. Ces derniers peuvent prendre la fonction de figure d'attachement supplémentaire (dans le cas d'activités passives; fatigue, stress, endormissement...) et donc avoir une fonction de compensation.

Alors, en quoi un animal de compagnie pourrait prendre cette fonction d'objet transitionnel? Outre les différents bénéfices connus de la relation à l'animal (e.g. support social), Robin & Ten Bensel (1985) rappellent le lien émotionnel et le désir de proximité entre les enfants et les animaux de compagnie qui est congruent avec le lien d'attachement avec les humains. De plus, cette relation peut être considérée comme "plus simple et moins compliquée que les relations humaines".

Le but de l'étude de Triebenbacher (1998) est d'étudier l'idée que les animaux de compagnie peuvent être des objets transitionnels. Elle cherche à identifier leur rôle dans le bien-être émotionnel des enfants. Pour cela, elle a interviewé 174 enfants de 3 à 11 ans (dont 70% ont des animaux à la maison).

Parmi les enfants qui ont des animaux, 98% d'entre-eux considèrent leurs animaux comme des membres de leur famille. Les enfants de 3 à 6 ans disent aimer leur personnalité et les plus âgés sont plus intéressés par les activités à partager (e.g. jeux). Cette affection passent par deux volets: le toucher (caresse, baiser...) et la prise de responsabilité (nourrissage, brossage...). 99% des enfants pensent que l'affection est réciproque et que leurs animaux de compagnie les aiment car ils vocalisent (pour les 3-6ans) et ils partagent leurs jeux (pour les >6ans). Enfin, 77% des enfants évoquent un manque quand ils sont loin de leurs animaux de compagnie.

Parmi les enfants qui n'ont pas d'animaux, une majorité d'entre-eux en voudrait un. Le 1er choix se porte principalement sur un chien, avec une idée précise de sa race, sa couleur et même son nom. Cette envie d'animaux de compagnie est liée aux jeux, aux soins et l'amour.

Pour conclure, cette étude montre que dès le plus jeune âge, les enfants peuvent parler de la relation avec les animaux de compagnie avec un aspect émotionnel Les résultats appuyent l'hypothèse que les animaux de compagnie peuvent avoir des fonctions similaires à des objets transitionnels, notamment par la recherche de contacts physiques, de comportements d'attachement et autres comportements rituels. Attention, ils ne remplacent pas une figure d'attachement mais ils sont plus des compléments dans la vie des enfants. Cette étude ouvre une nouvelle dimension de la compréhension du rôle des animaux de compagnie dans la vie des enfants et plus largement de la relation Homme-Animal. Il est nécessaire d'examiner les animaux de compagnie dans le contexte du système familial pour une meilleure compréhension.




Aucun commentaire: