La cognition sociale chez les humains n’est pas seulement l’application des compétences cognitives générales à la perception sociales et aux comportements sociaux. Elle est plutôt un reflet de l’opération de processus spécialisés et distincts (Adolphs 2006, Saxe et al 2006). On peut citer, par exemple, les comportements réflexes du suivi du regard présents dès l’âge de 6 mois de vie (Frischen et al 2007 ; Hamlin et al 2007).
Quelles sont alors les particularités dans le spectre des troubles de l’autisme ? Dans les troubles autistiques, la perception sociale et l’attention sont altérées, concernant notamment la vision. Ces anormalités visuelles sont aussi bien générales que spécifiques au domaine social. Dans ce dernier cas, les chercheurs ont pu observer (1) une attention réduite aux visages, (2) une discrimination faible de l’identité faciale, (3) moins de fixation de la zone des yeux et (4) moins de contacts visuels, souvent anormaux. Selon Baron Cohen et al (1997), les personnes souffrant de troubles autistiques ont des problèmes d’interprétation du « langage des yeux ».
Les connaissances étant encore fragmentaires sur ces altérations, New et al (2009) se sont intéressés à la perception visuelles de l’animé en 2 catégories : « animé » (les gens et les animaux) versus « inanimés » (les objets et les plantes). En effet, cette différenciation se passe de façon précoce dans le développement (e.g. Gelman 1990), associée typiquement à un haut niveau de fonctionnement cognitif. Des études récentes suggèrent que cette distinction influence la distribution de l’attention, compétence altérée dans les troubles autistiques.
L’équipe de New a utilisé le paradigme de la « détection du changement », c'est-à-dire à quelle catégorie les sujets vont-ils donner la priorité. Pour cela, on fait observer deux scènes statiques quasiment identiques où le sujet devra cliquer (à l’aide d’une souris) sur la zone qui a été modifiée. Les éléments modifiés sont donc de différentes catégories : « animé » (les gens et les animaux) versus « inanimés » (les objets et les plantes). 31 enfants et adultes avec troubles autistiques ont été comparés avec 15 individus au développement typique.
Le résultat central est que les individus avec troubles autistiques – malgré leurs altérations sociales – montrent un biais attentionnel social robuste pour la catégorie « animé » en détectant les changements dans les images plus rapidement (même magnitude que les individus « contrôle »). Ainsi, les sujets avec troubles autistiques semblent plus orientés vers le « social » (humain, animal) que le « non social » (objet, plante).
Les auteurs émettent la possibilité que l’attention sociale n’est pas un phénomène unitaire puisque la priorité donnée à la catégorie « animé » est intacte. Néanmoins, il est nécessaire de souligner que, même si les individus avec troubles autistiques s’orientent vers le social de la même façon que ceux au développement typique, les indices utilisés peuvent être différents. Désormais, cette équipe va explorer ces mêmes données mais sur la base de vidéos (indices dynamiques et non plus statiques) et en condition naturelle.
Cette étude me semble essentielle d’un point de vue de la relation Animal - Homme avec troubles autistiques. En effet, il ne semble pas avoir d’altération dans l’attirance vers l’ «animé» et donc les animaux, permettant une communication – certainement différente – entre eux et certainement la mise en place d’une relation.
New, J. J., Schultz, R. T., Wolf, J., Niehaus, J. L., Klin, A., & Scholl, B. J. (2008). The scope of social attention deficits in autism: Prioritized orienting to people and animals in static natural scenes [Abstract]. Journal of Vision, 8(6):684, 684a
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