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mardi 25 février 2014

Une avancée majeure dans l'autisme

Je ne relaie pas toutes les avancées dans le domaine de l'autisme, elles sont trop nombreuses, et tant mieux d'ailleurs! Mais celle-ci me tient à cœur car je travaille en partie sur ce projet d'un possible traitement par bumétanide, un diurétique qui semble efficace pour réduire les symptômes des troubles du spectre autistique.

Le dernier papier est date est majeur et a été publié il y a quelques semaines dans Science (!!!!)

En injectant un diurétique à des souris porteuses d'une forme d'autisme juste avant qu'elles n'accouchent, Tyzio et al sont parvenus à prévenir les comportements autistiques dans leur descendance..Comment un diurétique peut-il améliorer les troubles de communication de l'autisme ? Quel est le rôle de l'accouchement dans le développement de cette pathologie ? Pourra-t-on un jour traiter l'autisme dès les premiers mois de la vie, voire avant la naissance ? Je vous propose de regarder cette vidéo très pédagogique du professeur Yehezkel Ben-Ari (Institut de neurobiologie de la Mediterrannée), pour Le Monde.fr

Et pour ceux qui veulent aller plus loin, voici les autres papiers traitant de ce thème, dans des revues à comité de lecture

Lemonnier E., Ben-Ari J., Decreased autistic behaviour in 5 infants treated with the NKCC1 cotransporter inhibitor bumetanide (bumex), Acta Paediatr., 2010 Dec;99(12):1885-8.

Lemonnier E., Degrez C., Phelep M., Tyzio R., Josse F., Grandgeorge M., Hadjikhani N., Ben-Ari Y., A randomized controlled trial of bumetanide in the treatment of autism in children, Trans Psychiatry, 2012, 2, e202; doi:10.1038, 2012.124

Lemonnier E, Robin G, Degrez C, Tyzio R, Grandgeorge M, Ben-Ari Y. Treating Fragile X syndrome with the diuretic bumetanide: a case report. Acta Paediatr. 2013 Jun;102(6):e288-90.

Hadjikhani N, Zürcher NR, Rogier O, Ruest T, Hippolyte L, Ben-Ari Y, Lemonnier E (2014) Improving emotional face perception in autism with diuretic bumetanide: A proof-of-concept behavioral and functional brain imaging pilot study. Autism (in press)

Grandgeorge M, Lemonnier E, Degrez C, Jallot N (2014) The effect of bumetanide treatment on the sensory behaviours of a young girl with Asperger syndrome. BMJ Case reports (in rpess)

vendredi 25 octobre 2013

Robot Bunny: Un drôle d'animal pour aider les enfants autistes

En surfant sur la toile, on découvre toujours des choses insolites et des nouveaux projets. Je vous fais partager ici ma dernière découverte au sujet de la médiation par les robots de forme animale : le robot Bunny. 


L'université de British Columbia au Canada est actuellement en phase de création d'un robot pour aider les personnes avec autisme à créer des liens émotionnels. Ce robot a la particularité d'être un croisement entre un chien, un chat et un lapin, répondant au toucher. En plus, cette "créature" a la capacité de fournir des informations sur le type de toucher, ce que les chercheurs appellent "une fourrure intelligente", avec possiblement une influence apaisante pour l'enfant qui l'utilise.

mardi 5 mars 2013

Syndrome d'Asperger : comment reconnaitre cette forme d'autisme ?

Article paru sur le site Internet de Maxisciences* :



Dans un ouvrage qui paraitra bientôt, le journaliste flamand Thierry Debels avance que le prince Philippe, mari de la reine Elisabeth II, souffrirait du syndrome d'Asperger. Une forme d'autisme qui affecte les interactions sociales mais pas le développement du langage et de l'intelligence.
Décrit pour la première fois dans les années 1940, le syndrome d'Asperger est un trouble du développement humain qui affecte les interactions sociales et la communication chez celui qui en souffre. Ce syndrome fait partie de ce qu'on appelle les troubles du spectre autistique (TSA) qui comprennent notamment l'autisme. Toutefois, il reste difficile à identifier et à diagnostiquer. 
Comme l'autisme, le syndrome d'Asperger se caractérise principalement par des difficultés à interagir et à établir des relations avec les autres, et ce dès le plus jeune âge. Néanmoins, il n'affecte généralement par le langage ou le développement cognitif, contrairement à l'autisme qui peut conduire à des retards ou déficiences. Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le syndrome d'Asperger se manifeste par une altération marquée de l'utilisation de comportements non-verbaux, tels que le contact visuel ou les mimiques faciales, dans les interactions sociales.
De la maladresse et des difficultés à s'exprimer
Ainsi, l'enfant atteint d'un tel trouble se montre maladroit, hésitant, semble avoir des difficultés à comprendre ce qu'on lui dit et à exprimer ce que lui-même veut dire. Il montre également un manque de réciprocité sociale et émotionnelle, évitant de partager ses plaisirs ou ses émotions avec autrui. Ajouté à cela, il présente un répertoire "d'intérêts et d'activités restreints, stéréotypés et répétitifs". Autrement dit, ses centres d'intérêts vont être limités et se manifester avec une intensité ou une orientation anormale. Il peut également se livrer à des rituels voire à des gestes répétitifs et stéréotypés comme se tordre les mains ou les doigts.
Le syndrome d'Asperger peut également s'accompagner d'autres traits tels qu'une hypersensibilité à certains bruits ou des difficultés à écrire. Toutefois, le sujet atteint possède une intelligence tout à fait normale voire supérieure et souffrirait, d'après certains spécialistes, de moins de difficultés dans la vie quotidienne que les autistes de haut niveau. D'autres critères de diagnostic ont également été avancés mais n'ont pas encore été confirmés officiellement.
Des causes qui restent mystérieuses
Aujourd'hui, on ignore les causes exactes du syndrome même si plusieurs hypothèses ont été émises. Certaines chercheurs évoquent ainsi l'existence possible d'anomalies dans l'hémisphère droit du cerveau, plus précisément dans la région responsable des émotions et du traitement de l’information. Par ailleurs, les scientifiques ont constaté que ce trouble était plus fréquent chez les garçons que chez les filles, suggérant un rôle potentiel de certaines hormones comme la testostérone. Mais aucune de ces hypothèses n'a été pour l'heure clairement validée. 
En France, le syndrome d'Asperger peine encore un peu à être reconnu mais il peut être diagnostiqué très jeune chez les enfants. Une fois le trouble confirmé, ces derniers peuvent alors bénéficier d'une prise en charge multidisciplinaire qui consiste principalement en un recours à des thérapies comportementales. En général, ceci permet aux enfants qui en souffrent de s'améliorer au fil des années même si certaines difficultés sociales ou comportementales peuvent persister à l'âge adulte


Maxisciences est un site d'actualité scientifique et environnementale mis à jour quotidiennement par une équipe de journalistes scientifiques spécialisés.


mardi 11 décembre 2012

Un essai clinique prometteur pour diminuer la sévérité des troubles autistiques

Cette étude, dont j'ai eu la chance de faire partie, vient de paraître ce jour :
E Lemonnier, C Degrez, M Phelep, R Tyzio, F Josse, M Grandgeorge, N Hadjikhani and Y Ben-Ari (2012) A randomised controlled trial of bumetanide in the treatment of autism in children. Translational Psychiatry (2012) 2, e202; doi:10.1038/tp.2012.124
Vous avez la possibilité de télécharger gratuitement le papier en pdf ici

Je vous propose de lire ci-dessous le communiqué de presse de l'Inserm expliquant ce travail

Yehezkel Ben-Ari, fondateur et directeur honoraire Inserm de l’Institut de neurobiologie de la méditerranée et Eric Lemonnier, clinicien spécialiste de l’autisme au CHRU de Brest, viennent de publier les résultats d’un essai clinique en double aveugle pour évaluer l’intérêt d’un diurétique dans le traitement de l’autisme. Soixante enfants autistes et Asperger de 3 à 11 ans ont reçu pendant 3 mois soit un diurétique pour réduire les niveaux de chlore intracellulaire, soit un placebo. Bien que non curatif, ce traitement entraine, pour les trois quarts des enfants, une diminution de la sévérité des troubles autistiques. Une demande d’autorisation pour un essai multicentrique à l’échelle européenne vient d’être déposée par les chercheurs pour mieux déterminer la population concernée par ce traitement.

De précédents travaux menés par l’équipe de chercheurs dirigée par Yehezkel Ben-Ari à l’unité Inserm 901 “Institut de neurobiologie de la méditerranée”, à Marseille sur les concentrations intracellulaires de chlore, ont permis de montrer qu’elles sont anormalement élevées dans les neurones immatures, ceux ayant subi des crises d’épilepsie ou d’autres lésions cérébrales. De nombreux anxiolytiques, analgésiques et antiépileptiques, agissent en augmentant les effets du GABA – le principal médiateur chimique du cerveau – qui inhibe, en temps normal, les neurones. En présence d’une forte concentration de chlore dans les cellules, les effets du GABA sont inversés. Les molécules anxiolytiques accentuent ces effets : le GABA n’inhibe plus les neurones. Ces molécules vont augmenter l’excitation et donc aggraver la maladie au lieu de la réduire (Figure ci dessous). C’est ce qui a été observé dans le cas de l’épilepsie : le diazépam, un anxiolytique, aggravait les crises dans certaines conditions. L’équipe de recherche avait alors montré l’intérêt d’un diurétique pour pallier cet effet.



De la recherche fondamentale à la recherche clinique 

 Des données expérimentales indirectes suggèrent des modifications de l’inhibition cérébrale médiée par le GABA dans l’autisme. Eric Lemonnier, clinicien au CHRU de Brest a fait remarquer à Yehezkel Ben-Ari que le valium n’est pas prescrit aux enfants souffrant de l’autisme car ils deviennent, selon les parents, plus agités, suggérant comme dans l’épilepsie et d’autres pathologies cérébrales, que le chlore intracellulaire serait plus élevé. De cette rencontre est née l’idée de tester un diurétique – de la même manière que pour l’épilepsie – afin de déterminer si cela pouvait améliorer les troubles autistiques. Un essai pilote sur 5 enfants a été rapidement mis en place en 2010 car le bumétanide, le diurétique testé, est couramment utilisé, notamment dans le traitement de l’hypertension. La prise de ces molécules peut toutefois entraîner une baisse de potassium qui nécessite une supplémentation. Les chercheurs ont alors démarré un essai randomisé en double aveugle sur 60 enfants autistes et Asperger âgés de 3 à 11 ans. 

Diminution de la sévérité des troubles autistiques 

 Les enfants ont été suivis pendant 4 mois. Un groupe a reçu le traitement diurétique (1mg de bumétanide) et le deuxième groupe un placebo pendant 3 mois. Le dernier mois, aucun traitement n’a été donné. La sévérité des troubles autistiques des enfants a été évaluée au démarrage de l’essai, à la fin du traitement, c’est-à-dire au bout de 90 jours et un mois après la fin de ce dernier. Après 90 jours de traitement, le score moyen au test CARS (Childhood Autism Rating Scale) des enfants traités au bumétanide s’est amélioré de façon significative. La sévérité des troubles autistiques du groupe traité passe du niveau élevé (>36,5) à moyen (Clinical Global Impressions). A l’arrêt du traitement, certains troubles réapparaissent. Le traitement au bumétanide serait donc réversible. 

Différents critères pour évaluer la sévérité des troubles : CARS, CGI, ADOS G 

L’échelle comportementale CARS (Childhood Autism Rating Scale) couramment utilisée a permis d’évaluer la sévérité des troubles à partir de séquences filmées des enfants lors d’une activité initiée par un personnel soignant. Les films ont été analysés avec l’aide des parents. Un score est obtenu à partir de l’analyse : entre 30 et 36, l’enfant souffre d’un trouble modéré ou moyen, au-delà de 36, l’autisme de l’enfant est sévère. Deux autres indicateurs permettent d’évaluer la sévérité des troubles : le diagnostic clinique CGI (Clinical Global Impressions) et un indicateur, ADOS G (Autism Diagnostic Observation Schedule Generic), qui regroupe les critères d’évaluation comme l’interaction sociale et la communication. 

Le Dr Lemonnier explique le cas d’un garçon de 6 ans 

 “Avant le traitement, l’enfant avait de faibles capacités de langage, une faible interaction sociale, une hyperactivité et un comportement en constante opposition. Après trois mois de traitement, ses parents, ses professeurs, le personnel de soin de l’hôpital et ses amis à l’école ont attesté qu’il participait mieux, notamment aux jeux proposés par le psychologue. Son attention et le contact visuel se sont également améliorés.” “Même s’il ne peut pas guérir la maladie, le diurétique diminue la sévérité des troubles autistiques de la plupart des enfants. D’après les parents de ces enfants, ils sont plus “présents”" ajoute Yehezkel Ben-Ari. Etant donnée l’hétérogénéité de la population, les chercheurs ont supposé que le traitement pourrait agir différemment selon la sévérité des troubles autistiques. En reconstituant des groupes en fonction de la sévérité, les résultats suggèrent que le traitement serait plus efficace chez les enfants les moins affectés. C’est pourquoi les chercheurs ont déposé une demande d’autorisation pour réaliser un essai multicentrique à l’échelle européenne afin de mieux déterminer la population concernée par ce traitement et à terme obtenir une AMM pour cette indication. Cet essai est piloté par une entreprise créée par le Prof. Ben-Ari et le Dr Lemonnier (Neurochlore). Des analyses sont également indispensables pour évaluer l’impact de la prise à long terme de ces molécules et la dose requise. Enfin, les chercheurs soulignent la nécessité de poursuivre les travaux sur les modèles expérimentaux afin de déterminer comment le chlore est régulé et comment il se dérégule dans les réseaux neuronaux de patients autistes. Ces travaux ont fait l’objet d’un dépôt de brevet et d’une concession de licence accordée à la start-up Neurochlore. Neurochlore a reçu un financement de l’ANR (RPIB, projet « Cure Autism »).

L'impact dans les médias

Les médias ont immédiatement relayé cette information. Ci dessous, le reportage vidéo de France Télévisions ainsi que les liens vers les articles, de façon non exhaustive je pense...







mercredi 5 décembre 2012

L'autisme à l'honneur dans les médias



Après l'excellente soirée proposée par France 2 le 27 novembre dernier (le cerveau d'Hugo, que l'on peut revoir en ligne ici), deux documentaires sont prochainement à l'antenne :


France 3 Régions le 6 décembre à 8h50 (pour la région Bretagne)
Arouna Lipschitz en collaboration avec France 3 présentent
Solutions d'espoir
Un film de Romain Carciofo
Un regard sur l'autisme en France
30 ans de retard, il faut que ça cesse
Le regard d'un jeune réalisateur Romain Carciofo sur la souffrance et l’isolement que vivent les personnes avec autisme.
Un road-documentaire émouvant contre l’ignorance !
(Notons le film "Expression d'espoir" réalisé par le même réalisateur il y a quelques années. http://video.festival-handica.fr/show_cm/279 )

France 5, le 18 décembre 2012 à 20h35
Le monde en face : Planète autisme
Un film de Valéria Lumbroso
Déclaré grande cause nationale en 2012, l’autisme touche 440 000 personnes en France et 67 millions dans le monde. Aujourd’hui, les expérimentations se multiplient à travers la planète pour aider les enfants autistes à sortir de leur isolement. Le documentaire proposé par Carole Gaessler révèle quelques-unes des avancées essentielles qui ont été réalisées. 


"On ne pourra plus dire : je ne savais pas...."



vendredi 23 novembre 2012

Emission Interception France Inter : Dans la vie d'une enfant autiste

Entendu ce matin, France Inter consacre une heure de son émission Interception sur le thème "Dans la vie d'une enfant autiste"

par Alain Le Gouguec, Pascal Dervieux et Lionel Thompson
Dimanche de 9h10 à 10h


Lu sur le site de France Inter:
L’autisme a été décrété grande cause nationale de l’année 2012 qui s’achève. Beaucoup reste cependant à faire pour progresser dans la connaissance et la prise en charge de ce que certains considèrent comme une maladie, d’autres comme un handicap.

Autisme - Reuteurs - 2012

Il n’existe toujours pas de vérité scientifique définitive sur l’origine des « troubles envahissants du développements » (TED), plus communément regroupés sous le nom d’autisme. Ces troubles frappent environ 600.000 personnes en France, dont 100.000 enfants, selon la Haute Autorité de Santé (HAS).

La prise en charge de ces personnes a longtemps été dominée en France par une approche psychanalytique. Cette dernière est aujourd’hui remise en cause à la fois par la HAS, qui l’a jugée « non consensuelle » dans un rapport publié en mars dernier, et par de nombreuses associations de parents qui souhaitent le développement des méthodes comportementales. Ces méthodes, plus éducatives, sont développées depuis longtemps dans d’autres pays, avec certains résultats.

Les parents, eux, sont souvent désemparés et seuls face aux difficultés du diagnostic et de la prise en charge. 20% seulement des enfants autistes sont scolarisés alors qu’ils devraient et pourraient l’être en plus grand nombre.

Pour Interception, Valentin Dunate et François Rivalan ont suivi une jeune autiste, Cécile, âgée de 7 ans. Elle est scolarisée et fréquente La maison de TED, à Paris, un des seuls lieux en France où les familles peuvent bénéficier d’un suivi complet, des soins à la scolarisation. Ce reportage, sans chercher à trancher les multiples débats concernant l’autisme, en montre un visage, celui d’une petite fille qui, grâce à la prise en charge dont elle bénéficie parvient à vivre presque normalement malgré ses troubles.

dimanche 20 mai 2012

Quand les artistes s'engagent outre-Atlantique

Si l'autisme est grande cause nationale cette année en France, d'autres pays se mobilisent partout dans le monde. Et certains artistes se font porte-paroles de ce combat. 

Kate Winslet en fait partie! Elle se mobilise via The Golden Hat, Talking back to Autism, recueil de photographies (principalement des autoportraits) réalisé à l'initiative de l'actrice. D'autres l'ont suivie comme Oprah Winfrey, Brad Pitt, Angelina Jolie, Meryl Streep, etc... Ils ont tous accepté de prendre la pose coiffés du "golden hat" (un chapeau noir orné d'un ruban doré), afin d'apporter leur soutien à la lutte contre l'autisme. 


L'intégralité des recettes issues des ventes de l'ouvrage sera reversée à l'association créée par Kate Winslet, The Golden Hat Fondation, dont le nom est directement inspiré du poème d'un enfant filmé par la comédienne, qui a réalisé un reportage sur l'autisme intitulé The Sunshine Boy. Touchée par sa rencontre avec l'enfant malade lors du tournage de son documentaire, la star a décidé de s'investir davantage et de mettre à contribution le talent et l'implication de ses amis du show-business. Quelque 100 personnes ont participé à la réalisation du livre, dont les ventes permettront d'améliorer le quotidien des enfants malades et de leurs familles en offrant des activités éloignées de ce mal qui touche plus de 67 millions de personnes à travers le monde. Une très belle initiative pour laquelle Kate n'a pas hésité à poser en couverture, accompagnée de l'enfant qu'elle a suivi.

Information tirée du site purepeople

lundi 7 mai 2012

Conférence de Sally Rogers à Toulouse


!!! ATTENTION - ANNULATION DU SEMINAIRE!!!


Conférence organisée par le Laboratoire Octogone (équipe CERPP) à Toulouse.

Unité de Recherche Interdisciplinaire Octogone (EA n°4156)
21 mai 2012 à 14h
(Amphithéâtre 12, bâtiment des Langues, Université Toulouse II-Le mirail)

Professeur Sally Rogers, MIND Institute, Davis University, Sacramento
"Autisme, actualité dans le domaine de la détection et de l'intervention précoce"

Entrée gratuite, Traduction simultanée (participation de 5 euros pour la location des casques)
Nombre de places limités, merci de vous inscrire en envoyant un message à :
contact [ à ] ceresa.fr

!!! ATTENTION - ANNULATION DU SEMINAIRE!!!

samedi 5 mai 2012

Présentation du Centre de Ressources Autisme Bretagne

Un centre de ressources s'adresse à tous les publics concernés par l’autisme et les autres troubles envahissants du développement. Il est animé par une équipe pluridisciplinaire, spécialisée et expérimentée sur le syndrome autistique, mettant en oeuvre des actions de diagnostic précoce, de recherche, d'aide, de soutien, d'information, de formation, de conseil et d'expertise auprès des familles et des professionnels médico-sociaux et de santé. En 2009, vingt quatre CRA sont implantés en France et dans les DOM. Ils se sont constitués en association nationale ANCRA.

France 3 a consacré un reportage le 2 mai dernier au Centre de Ressources Autisme Bretagne où je travaille depuis septembre dernier.

Vous pouvez le retrouver ici, dans l'édition locale Iroise du 2 mai 2012.


mercredi 25 avril 2012

Le quotidien d'un enfant autiste : un film

Lors du colloque du GNPP sur l'autisme (Nantes, 30-31 mars), un film intéressant a été diffusé : "Le quotidien d'un enfant autiste", par Corinne Delong-Saulmer (pédopsychiatre, Les Sables d'Olonne). Ce film est visible en ligne sur le lien suivant.

Description

"Ce film a été fait à la demande de parents qui souhaitaient témoigner de leur vécu au quotidien, dans la famille, avec leur enfant autiste. Par ailleurs, ils avaient besoin de comprendre ce que l'enfant faisait quand il n'était pas avec eux, que ce soit à l'hôpital de jour, à l'IME ou à l'école; puisque l'enfant autiste ne pouvait rien leur en dire, à la différence de leurs autres enfants.

Nous avons ainsi suivi le déroulement de la journée d'un adolescent et d'un enfant de 6 ans.

En tant que médecin pédopsychiatre, responsable de l'hôpital de jour et du CMP Jean Itard, je considère qu'une approche intégrative est indispensable pour la prise en charge de l'enfant autiste comprenant à la fois un axe psychodynamique, un axe éducatif et un axe pédagogique, ce dernier étant toujours réalisé à l'extérieur du CMP, dans une école ordinaire si possible, ou dans un IME si besoin. Une articulation très étroite entre ces différents lieux, toujours en lien avec les parents assure la complémentarité de ces prises en charge.Le film n'en montre qu'une partie.

Je remercie vivement les parents ainsi que tous ceux qui ont bien voulu participer à cette réalisation.

Dr Corine Delon-Saumier, pédopsychiatre"

lundi 5 mars 2012

Actualité dans l'autisme

Trois articles sur l'autisme dans deux éditions d'Ouest France différentes la semaine passée. Bonne lecture! 

« Faisons évoluer les choses ensemble » - Lorient

Interview de Gwendal Rouillard, député PS de la 5 e circonscription, est secrétaire du groupe d'études sur l'autisme à l'Assemblée nationale ; groupe que préside le député UMP Daniel Fasquelle. L'élu lorientais a un frère autiste.

Pour lire l'article, cliquez ici

« L'autiste est un sujet à part entière » - Lorient

Interview d'Armelle Guivarch, psychiatre à l'EPSM Charcot et psychanalyste à Lorient, membre de l'Ecole de la cause freudienne.

Pour lire l'article, cliquez ici

Autiste, il apprend à vivre avec son handicap - Lamballe

Andrew, Lamballais de 19 ans, veut témoigner, « pour faire connaître l'autisme et apporter de l'espoir à ceux qui en sont atteints et à leur famille ».

Pour lire l'article, cliquez ici

jeudi 1 mars 2012

L’activité cérébrale, un outil pour révéler l’autisme chez les nourrissons ?

Article paru sur le site Internet de Maxisciences* :

Dans la revue Current Biology, des chercheurs révèlent qu'ils sont parvenus à détecter des signes d’autisme chez des nourrissons âgés de 6 à 10 mois grâce à une mesure de leur activité cérébrale.
Un dépistage précoce de l'autisme, généralement diagnostiqué autour de deux ans, aiderait à la prise en charge de la maladie, qui affecte environ 1% de la population et se traduit par des difficultés à communiquer avec le monde extérieur. Or, une étude publiée vendredi dans la revue scientifique Current Biology, indique qu’il serait aujourd'hui possible de détecter précocement l’autisme en procédant à une mesure de l’activité cérébrale.
Pour aboutir à cette découverte, les travaux ont porté sur 104 bébés de 6 à 10 mois qui présentaient un risque plus important d'autisme dans la mesure où un ou plusieurs des frères ou sœurs aînés étaient déjà atteints du syndrome. En se basant sur le fait que les enfants autistes évitent généralement de regarder les gens dans les yeux, les chercheurs ont mesuré avec des capteurs l'activité cérébrale des bébés lorsqu'on leur présentait des visages les regardant directement ou au contraire les évitant.
Les résultats de l'étude montrent une différence significative des ondes cérébrales en fonction des deux types d'images lorsque celles-ci étaient présentées à des nourrissons à faible risque d'autisme, ou qui n'ont pas ensuite développé la maladie dans le groupe à risque. En revanche, la réponse cérébrale des bébés qui ont ensuite été diagnostiqués comme autistes s'est révélée beaucoup plus neutre, rapporte l'AFP.
Le professeur Mark Johnson du Birkbeck College de l'Université de Londres, co-auteur de l'étude, souligne toutefois que le test n'a pas fonctionné "à 100 %", certains enfants montrant des signes d'autisme alors qu'ils n'ont pas développé la maladie par la suite. "Des études complémentaires sont nécessaires pour déterminer si des mesures de l'activité cérébrale comme celles utilisées dans notre étude peuvent jouer un rôle dans l'identification des enfants autistes à un stade précoce", a-t-il ajouté.
 
Maxisciences est un site d'actualité scientifique et environnementale mis à jour quotidiennement par une équipe de journalistes scientifiques spécialisés.
 
L'article scientifique en anglais est téléchargeable gratuitement ici

samedi 25 février 2012

Un nouveau traitement de l'autisme?

Un reportage est passé il y a quelques jours sur France 3. Il y est évoqué un traitement de l'autisme à l'aide d'antibiotiques. Je vous laisse découvrir la vidéo.


jeudi 23 février 2012

Ni rituel psychanalytique ni réductionnisme génétique !

Article publié dans le Monde ce jour (disponible en ligne ici).

Les débats homériques en cours sur les causes de l'autisme laissent perplexe toute personne un tant soit peu informée sur la réalité de cette maladie. Des conflits idéologiques, forts éloignés de la réalité médicale et biologique, semblent fleurir particulièrement dans l'autisme. Il convient de rappeler quelques faits qui ne sont pas contestables.
1. L'autisme est une maladie précoce qui prend naissance le plus souvent pendant la grossesse. On trouve plus de neurones dans certaines régions cérébrales des enfants autistes. La prolifération cellulaire ayant lieu exclusivement in utero chez l'homme, cette preuve ne peut être contestée. L'autisme est une maladie du développement cérébral avec la formation très tôt de réseaux neuronaux aberrants qui rendent difficile la communication des enfants autistes dès leur plus jeune âge.

2. L'autisme a parfois une origine génétique, mais l'environnement joue un rôle crucial. On a pu identifier des mutations génétiques dont l'expression chez l'animal cause des malformations et un "comportement autistique". Ces mutations, qui ont un impact sur la formation de connexions entre cellules nerveuses, entraînent dans le cerveau de l'embryon un cercle vicieux avec des effets délétères sur les régions atteintes.

3. Des études épidémiologiques montrent une bonne dizaine de facteurs de type environnementaux ayant un rapport avec l'autisme. Ainsi, une étude danoise des corrélations entre autisme et complications à la naissance montre plus de soixante facteurs périnataux liés à l'autisme, y compris une présentation anormale du bébé lors de la naissance, des complications de type ombilicale/placentaire, une détresse foetale, une lésion ou un trauma néonatal, une naissance multiple, une hémorragie maternelle, une naissance en été, un faible poids à la naissance, une petite taille pour l'âge gestationnel, une malformation congénitale, des difficultés de nutrition, une anémie néonatale, une incompatibilité ABO (les trois groupes sanguins) ou de type rhésus.

La probabilité d'avoir un enfant autiste augmente de façon significative quand deux facteurs sont réunis. Des toxiques tels que les métaux lourds et les pesticides ont aussi une incidence sur l'expression de la maladie. En résumé, l'autisme est une maladie développementale multifactorielle.

4. Une malformation cérébrale est un phénomène "biologique" qui ne nage pas dans l'éther et ne se guérit pas avec des mots. Parler de la responsabilité de la mère et de vouloir guérir les rapports avec son enfant fait fi de cette réalité biologique. Par exemple, l'ocytocine - une hormone libérée pendant la naissance et l'allaitement joue un rôle certain dans l'attachement mère-enfant. Imaginons que cette hormone marche moins bien chez une mère et son enfant ; va-t-on l'accuser d'en être responsable et va-t-on guérir ce rapport difficile avec des mots ou plutôt avec l'hormone déficiente ? Il faudrait rappeler que même les aspects affectifs qu'affectionnent les psychanalystes ont par essence un substratum biologique. La prétention des psychanalystes de guérir cette maladie avec des séances de psychanalyse ne tient pas, car on ne peut pas ignorer la biologie. Le manque de fondement scientifique de cette branche et le fait qu'elle s'affranchit du minimum de preuves statistiques auxquelles sont astreints tous ceux qui veulent développer des traitements est inacceptable.

De plus, non seulement les preuves d'une quelconque amélioration sont toujours attendues, mais de plus la méthode provoque des dégâts en culpabilisant les mères et en faisant prendre du retard à l'enfant pendant que celui-ci est privé d'une éducation qui pourrait l'aider à se développer. A l'autre extrême, le réductionnisme génétique procède d'une simplification abusive qui, tout en dédouanant les mères de leurs responsabilités, ne tient pas compte des facteurs environnementaux.

On a pu identifier des centaines de mutations associées à l'autisme, dont plusieurs sont aussi à l'origine d'autres maladies neurologiques. Il y a donc plusieurs gènes pour une même maladie et plusieurs maladies pour un même gène montrant la difficulté du diagnostic et rendant une thérapie génique illusoire. Cette double OPA sur une maladie et des parents dont le courage mérite plus de respect et d'admiration n'a pas lieu d'être. Cette maladie et son traitement posent un problème redoutable aux chercheurs, qui doit être abordé avec pragmatisme et sérieux. Les parents rapportent souvent avoir vécu la prise en charge de leur enfant comme une épreuve, d'une part par la culpabilisation maternelle qu'elle engendre, mais surtout en proposant une hiérarchie des priorités, souvent sans prendre en compte les objectifs essentiels d'autonomie et d'intégration. Les parents ont souvent à juste titre le sentiment d'être dépossédés de leur fonction parentale, incapables qu'ils seraient de faire des choix pour leur enfant.

Il faut avoir le courage de dire que cette maladie ne va pas être guérie au sens où on l'entend avec une aspirine. Des méthodes différentes peuvent permettre d'améliorer le quotidien des parents, tant mieux, c'est déjà cela ! La guéguerre entre droite et gauche n'a pas lieu d'être ici, marier la gauche avec la psychanalyse est aussi simpliste que prétendre que les approches comportementales sont de droite. Commençons par comprendre comment se construisent ces réseaux aberrants, comment réduire leurs effets nocifs sur les réseaux voisins et, surtout, comment arriver à réduire tout cela le plus tôt possible, et on aura avancé.

Cessons de promettre la guérison miraculeuse à partir d'un gène ou d'une molécule qui effacera les séquelles des malformations développementales. C'est en bloquant ces activités aberrantes avec des outils pharmacologiques que les promesses les plus sérieuses sont en cours de développement. En attendant, une approche à la carte sans menu fixe et sans hégémonie s'impose, mais elle doit être basée sur des méthodes qui ont fait leurs preuves.

Yehezkel Ben-Ari, neurobiologiste, président de l'association Vaincre l'autisme ;
Nouchine Hadjikhani, neuroscientifique, membre du conseil scientifique de Vaincre l'autisme et
Eric Lemonnier, pédopsychiatre au CHU Brest Article paru dans l'édition du 23.02.12


lundi 30 janvier 2012

Blog sur l'autisme

Le net regorge de blogs traitant de sujets divers et variés. Je voulais vous mettre en lumière ici un blog un peu particulier sur l'autisme, qui traite de la recherche internationale sur ce thème.
Une autre façon de faire une veille scientifique avant d'aller plus loin dans la lecture des papiers qui nous intéressent.

lundi 23 janvier 2012

Actualité: une proposition de loi visant l’arrêt des pratiques psychanalytiques dans l’accompagnement des personnes autistes

De l'actualité dans cette année dédiée où l'autisme est grande cause nationale : le député UMP Daniel Fasquelle va déposer vendredi sur le bureau de l'Assemblée une proposition de loi visant à interdire l'accompagnement psychanalytique des personnes autistes au profit de méthodes éducatives et comportementales.
Pour ma part, je ne prends pas position et vous laisse découvrir son texte ici
Et l'article du point qui traite du sujet ici

mardi 10 janvier 2012

Autisme et génétique : de nouvelles pistes avec la découverte d'un mécanisme génétique potentiellement responsable

Article paru sur le site Internet de Maxisciences* :

Selon une étude récente, des chercheurs américains sont parvenus à identifier un mécanisme génétique qui pourrait expliquer l'autisme.

C’est en manipulant génétiquement des souris présentant des symptômes similaires à ceux d’enfant autistes que des chercheurs américains ont découvert un mécanisme génétique dans ce trouble. En effet, d’après l’étude publiée hier dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS), le fait d’hériter d'un nombre de copies moindre de certains gènes se traduirait par des symptômes ressemblant à ceux provoqués par l'autisme chez les enfants.

Depuis 2007, et grâce au Professeur Michael Wigler du Cold Spring Harbor Laboratory (CSHL), on sait que certains enfants autistes ont une petite partie de certains gènes sur le chromosome 16 qui sont effacés. Cette partie affecte 27 gènes dans une région du génome appelée 16p11.2, rapporte romandie.com. Ainsi, comme l’explique Alea Mills, professeur au CSHL et auteur principal de l’étude, "nous avions ainsi les outils pour voir si des changements dans le nombre de copies de gènes trouvés chez des enfants autistes provoquaient les symptômes".

Des symptômes semblables

C’est donc en créant un modèle animal avec des souris rendues autistes avec une technique, dite d'ingénierie du chromosome, que les scientifiques ont démontré que le fait d'hériter d'un moins grand nombre de copies de ces gènes produit des symptômes ressemblant à ceux de l'autisme chez les enfants.
Les souris génétiquement manipulées pour créer la même anomalie dans la partie du chromosome 16p11.2 (c'est-à-dire l’effacement de certaines parties du gène) ont montré une variété de comportements ressemblant cliniquement à l'autisme chez les humains : hyperactivité, difficultés d'adaptation à un nouvel environnement, déficits de sommeil et comportements répétitifs.

Bien que certaines variations génétiques avaient déjà été identifiées chez des enfants autistes, c'est la première fois qu'un lien aussi direct est établi. La découverte fournit ainsi de nouvelles informations précieuses sur ce trouble du développement encore mal compris.


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mercredi 4 janvier 2012

L’autisme : la grande cause nationale pour 2012

Article paru sur le site Internet de Maxisciences* :

Cette année 2011, c’était la lutte contre la solitude qui était la cause française à défendre. En 2012, le gouvernement a choisi de mettre en avant les difficultés de l’autisme, un handicap souvent mal compris.

François Fillon vient d’annoncer l’attribution du label de Grande cause nationale 2012 au collectif d'associations "Rassemblement Ensemble pour l'autisme". Selon Matignon, "l'attribution de ce label se situe dans la continuité du plan autisme 2008-2010 qui a mobilisé 187 Millions d'euros et qui a d'ores et déjà permis un renforcement de la connaissance scientifique (...), une amélioration du diagnostic", ainsi qu'une "diversification de l'offre sanitaire et médico-sociale". Les personnes atteintes d’autisme sont encore trop souvent rejetées par la société. On a souvent tendance à les considérés comme des assistés mais il est démontré par de nombreuses études, que ces personnes peuvent mener une vie normale. La seule condition à cette insertion est le soutien des proches mais aussi celui de l’Etat. "En faisant de l'autisme la grande cause nationale 2012, le Premier ministre souhaite sensibiliser les Français à la nécessité de lutter contre les préjugés qui l'entourent encore trop souvent", soulignent les services du Premier ministre dans un communiqué. Cette reconnaissance nationale annonce de nombreux avantages pour les associations concernées. Ce label va notamment permettre à ces associations d'organiser et de planifier des "campagnes faisant appel à la générosité publique, d'obtenir des diffusions gratuites sur les radios et les télévisions publiques", ajoute le communiqué. "Il marque ainsi l'engagement de l'Etat à continuer de renforcer la prise en charge des personnes autistes", explique le communiqué.


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vendredi 25 novembre 2011

Autisme : « Le Mur », docu qui dérange des psys français

Article paru sur le site de Rue89


« Le Mur » montre la mainmise de la psychanalyse sur le traitement de l'autisme. Trois psys cherchent à bloquer la diffusion du film, qu'ils jugent « partisan »

Le film « Le Mur ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme » montre comment le traitement des autistes est, en France, verrouillé par les psychanalystes et les psychiatres, au détriment d'autres approches.

Sophie Robert est productrice et réalisatrice, passionnée de psychanalyse, et critique la vision freudienne de la femme comme « sexuellement psychogène ». Depuis quatre ans, elle enquête en anthropologue sur les pratiques des psychanalystes « orthodoxes », finalement assez peu connues du grand public et qu'elle juge « dogmatiques » : 

« Je pensais faire un travail plus nuancé au début. Mon but était de dresser un état des lieux de la psychanalyse, de leur demander : que prenez-vous et que laissez-vous de Freud et Lacan ?
J'ai découvert qu'il y avait des dogmes qui ne faisaient pas débat, comme l'idée que toutes les femmes sont psychotiques à la naissance de leur enfant, qui est un substitut du phallus... »

Assumer leurs propos « politiquement incorrects »

Elle tourne 27 interviews, démarche des chaînes télévisées pour leur vendre une série de plusieurs fois 52 minutes et, finalement, décroche une aide de l'association Autistes sans frontières pour aboutir à un premier volet, diffusé depuis septembre sur le site de l'association. La suite est en préparation.
Bande-annonce du documentaire « Le Mur », de Sophie Robert
Face caméra, les psys assument le côté « politiquement incorrect » de leur discours. Mais une fois qu'ils voient le film, trois d'entre eux s'étranglent. Ils saisissent le tribunal de grande instance de Lille, qui nomme un huissier aux fins de faire saisir les rushes.

Leur but n'est toujours pas clair, Me Christian Charrière-Bournazel, leur avocat, n'ayant pas répondu à nos sollicitations. Mais, selon l'ordonnance sur requête que Rue89 a pu consulter, ils semblent préparer une demande d'interdiction :
• « les rushes confirmeront que leurs propos ont été dénaturés », est-il écrit. Les saisir empêchera la réalisatrice de les « détruire afin d'échapper à toute interdiction judiciaire dont pourrait être frappée son film et plus généralement à toute action en responsabilité » ;
• ils reprochent à Sophie Robert de s'être « présentée comme journaliste alors qu'elle est gérante de société de production » : ils oublient qu'il n'est pas besoin d'avoir la carte de presse pour réaliser un documentaire en qualité d'auteur ;
• ils « ont découvert avec stupéfaction que leurs interviews avaient été coupées et défigurées aux fins d'un film partisan » : les coupes font partie du travail normal de documentariste, et leur choix relève de la liberté d'expression ; il n'est pas rare qu'un film d'auteur assume un parti pris ;
• ils estiment que « la pensée et les propos des intervenants sont réduits et déformés par le sens des commentaires » : rien n'interdit le commentaire de porter sur des interviews, voire de prendre leur contrepied ;
• ils se disent « piégés » dans un film qui ne serait pas, à leurs yeux, un documentaire mais « une entreprise polémique destinée à ridiculiser la psychanalyse au profit des traitements cognitivo-comportementalistes (TCC) ».

« Atteinte au secret des sources des journalistes »

La réalisatrice, qui ne veut pas que les plaignants croient qu'elle a « quelque chose à cacher », a retranscrit les trois heures d'interviews avec les trois psychanalystes qui la poursuivent (Esthela Solano Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens, membres de l'Ecole de la cause freudienne).

Elle vient de transmettre à l'huissier un DVD avec des images originales, brutes, des interviews avec les timecodes (marquage temporel) « afin qu'ils voient bien que, techniquement, il n'y a pas de coupe inopinée dans les séquences ».

Selon son avocat Me Benoît Tritan, demander les rushes est une « atteinte au secret des sources des journalistes » protégé par la loi du 4 janvier 2010.

L'avocat a saisi le juge en référé afin de faire annuler l'ordonnance initiale ; une audience est prévue le 15 novembre au TGI de Lille. Pour Me Titran :
« Le travail a été réalisé de façon loyale, comme en attestent les autorisations de tournage, leurs propos ont été parfaitement respectés et il n'y a aucune atteinte à la probité, sinon ils auraient poursuivi en diffamation. »

Les parents d'autistes : « Si on dénonce, on est mis au bûcher »

Le documentaire avait déjà fait pas mal de bruit dans le milieu des parents d'autistes et des associations. Cette poursuite lui donne un écho encore plus retentissant.

Delphine Piloquet, déléguée générale d'Autistes sans frontières, jure que « ça ne s'arrêtera pas là » :
« On a l'impression qu'on attaque une religion d'Etat, c'est une fatwa qui s'abat sur ce film alors que sa force c'est que ce sont les psys interviewés qui eux-mêmes disent des énormités. »

Cette mère d'enfant autiste rappelle que c'est par « pragmatisme » et non par « idéologie » qu'elle a sorti son fils de l'hôpital psychiatrique où il stagnait, pour le réintégrer dans « notre monde », grâce aux techniques comportementalistes.

Le point de vue de l'auteure du documentaire rejoint celui des parents dont elle entend les appels au secours :
« C'est délirant. Tous les jours, des mères m'appellent pour me dire combien elles sont déconcertées par les troubles détectés par leur psychiatre, qui font de l'endoctrinement avec la souffrance des autres sans se remettre en cause... Et si on dénonce ça, on est mis au bûcher.

La vérité, c'est qu'elle leur a extirpé ce qu'ils pensent et qu'ils ne disent pas aux parents, elle a eu le mérite de lever le voile. »

Aller plus loin
• Sur autistessansfrontieres.com : Le film sur le site d'Autistes sans frontières