Temple Grandin, autiste, a étudié les animaux pendant trente ans et a cherché à améliorer leurs conditions de vie. Elle a utilisé les mystères de l'autisme pour comprendre et décoder le comportement animal. Elle nous livre ici sa vision de la façon dont les animaux pensent, ressentent de la souffrance, de la peur, de l'agressivité, de l'amour, de l'amitié. Elle nous explique comment ils communiquent et acquièrent des connaissances. Elle pense en particulier que le langage n'est pas indispensable à la pensée et que les animaux ont bel et bien une conscience ; elle explique les dons " surhumains " de certains animaux, qui seraient un peu des " autistes savants ", et la manière dont, comme les humains, ils utilisent leurs émotions pour prendre des décisions et prévoir le futur. Fourmillant d'anecdotes et d'exemples frappants, une plongée originale et novatrice dans les couches les plus profondes du fonctionnement de l'esprit. Un livre fascinant.
Elle a aussi publié " Ma vie d'autiste " et " Penser en images ".
Extrait du livre :
Tous les chevaux de l'école avaient été maltraités. L'ancienne propriétaire de Goldie se servait d'un mors acéré, cruel, et tirait sur les rênes aussi fort qu'elle pouvait, si bien que Goldie avait la langue déformée, toute tordue. Beauty restait enfermé toute la journée dans une laiterie. J'ignore pourquoi. Le fait d'avoir subi ces mauvais traitements avait gravement perturbé nos chevaux.
Mais je ne le comprenais pas, à l'époque. Si je ne traitais jamais les chevaux avec cruauté (ce que faisaient parfois d'autres enfants), je n'étais pas non plus une autiste douée d'un talent particulier pour leur parler ou les guérir. Je les aimais, c'est tout.
Je les aimais tellement que je passais tous mes moments de liberté à travailler dans les écuries. Je tenais à ce que tout soit propre et je m'assurais que les chevaux étaient bien soignés. Un jour, ma mère m'offrit une très belle selle anglaise avec une bride. Ce fut l'un des plus beaux moments de mon séjour dans cette école. Non seulement cette selle était à moi, mais celles de l'école étaient tellement moches que l'événement était d'importance. Nous n'avions que de vieilles McClellands, d'honnêtes selles utilisées par l'armée pendant la guerre de Sécession. Les nôtres dataient sans doute de la Seconde Guerre mondiale et des derniers détachements de cavalerie. Elles comportaient une fente centrale prévue pour le confort du cheval mais horriblement pénible pour le cavalier. Je ne crois pas, ou du moins je ne croyais pas, qu'il puisse exister de selles plus inconfortables, avant de lire qu'en Afghanistan les soldats de l'Alliance du nord utilisaient des selles en bois.
Comme je l'ai bichonnée, cette selle ! Je l'aimais tellement que je ne la laissais jamais dans la sellerie comme j'aurais dû. Je la montais tous les soirs dans mon dortoir, avec moi. J'avais acheté un savon spécial pour l'entretien du cuir et je passais des heures à la nettoyer, à la lustrer.
Malgré le bonheur que me procuraient les chevaux, mes années de collège ont été très dures.
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