lundi 4 juillet 2011

Volet 1 de l’animal dans le soin : entre théories et pratiques

Ce samedi 2 juillet s’est tenu, à Paris, le colloque International intitulé « l’animal dans le soin : entre théories et pratiques », colloque auquel je participais. Les présentations et échanges ont été riches. Je vous propose donc de vous faire le compte rendu de différentes interventions en suivant les quatre axes qui ont été développés.

Rendez-vous donc le 7 juillet pour l'axe 2 (interventions Assistées par l’Animal), le 10 juillet pour l'axe 3 (bien-être animal) et le 13 juillet pour l'axe 4 (récits d'expérience)!

Représentations sociales & Croyances autour de l’animal dans le soin

1. Itinéraires de la question des « représentations sociales » dans la recherche autour des Interactions avec l’Animal à but Thérapeutique

Jérôme Michalon, doctorant en Sociologie et Anthropologie Politique à l’Université J. Monnet de St Etienne (Centre Max Weber) nous a proposé d’explorer la question des représentations sociales dans la recherche autour des interactions avec l’animal à but thérapeutique grâce à une revue de littérature très complète qu’il a mené pour la Fondation Sommer il y a quelques temps (possibilité de la télécharger ici). Il définit les représentations sociales comme les représentations qu’ont les patients des animaux et propose de voir comment la littérature a traité cette question. Pour cela, il a découpé trois grandes périodes de temps que je vous propose de résumer ici :
- les origines (de 1962 à 1980) : dans les études (e.g. Levinson, Corson & Corson pour les précurseurs), la question du contact avec les animaux faisait sens pour les patients. Néanmoins, les auteurs n’ont pas pour autant creuser les expériences antérieures des patients avec les animaux, travaillant plus sur des spéculations.
- De 1980 à 1995 : cette période peut être considérée comme une phase d’expansion avec constitution de la communauté human-animal interactions. Les recherches se sont majoritairement tournées vers le lien « animal & santé » (e.g. Friedmann et al., 1980, 1983), utilisant des méthodes statistiques et une approche expérimentale. Dans cette période, la question des représentations sociales est évacuée de manière implicite, comme si la signification de la relation homme-animale ne devait pas influencer l’effet thérapeutique.
- De 1995 à 2007 : cette période est considérée comme celle des nouvelles perspectives où de nombreuses revues de littérature voient le jour. Seules les nursing sciences mettent en avant le besoin d’explorer les représentations sociales, ce qu’elles explorent par les biais de questionnaires.

J. Michalon propose, à partir de ce travail effectué, que la question qui a principalement occupée les chercheurs n’est pas « comment » mais « combien » l’animal peut apporter des bénéfices. Ce modèle peut être nommé evidence based medecine où l’animal est une variable comme une autre à tester et que l’on laisse de coté la question de la relation de sens. Un virage est néanmoins amorcé depuis les années 1990 où l’animal prend le rôle « d’un être qui compte ».
(C) Pierre RYBARCZYK
Dans ce même exposé, Emmanuel Gouabault, Docteur en Sociologie à la Haute École de Travail Social, Genève (Suisse) nous a fait part de son travail sur « des formes intuitives contemporaines de la relation aux animaux ». Avant de poursuivre, je tiens à préciser que c’est l’étude du phénomène qui l’intéresse et qu’il prend de la distance face à son sujet, sans prendre parti. Pour ma part, je vais vous présenter ce travail avec la même neutralité, dans un but informatif et non de prise de position.
Pour mener sa recherche, E. Gouabault a utilisé des sources dites secondaires, c'est-à-dire des magazines, des sites Internet, des blogs… La communication intuitive se dit être à la croisée des interventions assistées par l’animal, les médecines alternatives et la sensibilité zoocentrique. Il a pu observer que les personnes pratiquant la communication intuitive – principalement des femmes – se nomme « interprète animalière », « communicante avec les animaux » ou encore « animal communicator » en anglais. Dans la pratique, il s’agit de rentrer en communication avec l’animal - par le biais de télépathie notamment – afin de réaliser des soins vers l’animal. Si certains travaillent au contact direct de l’animal, d’autres communiquent avec eux à distance, via des photos par exemple (sur la base de la voyance classique). Ce mouvement est né aux USA, avec Pénélope Smith (1971) pour ensuite s’être développé au Québec (C. Leroux, 1992) puis en Europe au milieu des années 1990.


2. Comment penser l’animal d’aide? Le statut du chien guide d’aveugle

Enfin, cette session s’est achevée par Caroline Vincelet, qui a présenté son travail de M2 Anthropologie sociale et historique qu’elle a mené à l’Université de Toulouse 2. Elle s’est intéressée à la question « comment penser l’animal d’aide? Le statut du chien guide d’aveugle ». Elle a fait un focus sur la question de l’anthropomorphisme. Ce terme, dans son sens le plus général que l’on retrouve dans les dictionnaires signifie : « tendance à concevoir la divinité à l'image de l'homme ».


Pour illustrer cette question, C. Vincelet nous a expliqué la spécificité du chien guide, c’est à dire être utile. De là, découlent des attentes, des normes, des représentations et des traitements adaptés à son rôle. Par exemple, il y a une symbolique des outils utilisés. Si la laisse est un outil de domination et du lien affectif, le harnais est quant à lui un outil de subordination et de lien utile (i.e. symbole de la mise au travail pour le chien). Concernant la question des attentes, elle a cité :
- le guidage (anticipation, logique, endurance…)
- la motivation (conscience professionnelle, dévotion, goût du travail…)
- la compagnie (attachement, affection, patience…)
- les normes (rigueur éducative, entrainement régulier…)
- l’affect (sentiment de dette, présence continue…)
- la dérogation aux normes (place du chien, nourriture…)
L’ensemble de ces éléments pose la question du traitement du chien-guide : est-il un compagnon ou un outil ? Elle conclue sa présentation par le fait que, grâce aux chiens, les personnes aveugles deviennent autonomes en toute confiance (« mon chien, c’est quelqu’un mais je n’ai besoin de personne »).

Rendez-vous pour la suite dans quelques jours...

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