jeudi 30 juin 2011

L'animal dans le soin : Entre théories et pratiques

Petit rappel pour les retardataires. Dans 2 jours, à Paris se tient un Colloque dans le Cycle Minding Animals : "L'animal dans le soin : Entre théories et pratiques"




Objectifs du colloque
Les activités associant l’animal à visée thérapeutique (T.A.A.) connaissent un vif engouement auprès des professionnels de la santé humaine (médecins, psychologues, psychomotriciens, thérapeutes, etc.), de l’animal (éthologues, vétérinaires, etc.), mais aussi auprès du grand public qui manifeste un intérêt de plus en plus prononcé pour la question du bien-être humain et animal. Cette démarche, bien qu’altruiste mérite d’être encadrée et évaluée. Les conditions de mise au travail de l’animal et les impacts des TAA sur la santé de l’animal doivent être examinés. Ce colloque rassemble un panel de scientifiques travaillant sur des questions complémentaires.
Ainsi seront décrites les représentations et les croyances que l’homme construit au sujet de l’animal dans le soin. Des exemples d’évaluations de ces pratiques et des récits d’expérience seront analysés et discutés. Ces interventions nécessitent la présence d’un animal, son bien-être sera examiné


Les résumés des différentes interventions (le programme complet se trouve ici)

Itinéraires de la question des « représentations sociales » dans la recherche autour des Interactions avec l’Animal à but Thérapeutique
A l’heure où les sciences sociales se proposent d’apporter leur contribution à la réflexion sur les Interactions avec l’Animal à but Thérapeutique, nous nous pencherons sur la manière dont les recherches antérieures, issues d’autres disciplines, ont traité la question des représentations sociales des animaux. Nous verrons comment, d’abord prises en compte de manière implicite, ces représentations ont été occultées par des centaines de recherches mettant en oeuvre le modèle de l’evidence based medicine, avant de faire leur retour par des biais inattendus, notamment sous la forme de la communication intuitive. Nous envisagerons ainsi la manière dont pourraient s’articuler les connaissances socioanthropologiques concernant les représentations des animaux et les recherches sur les I.A.T.
Emmanuel Gouabault. Dr en Sociologie − Haute École de Travail Social, Genève (Suisse).
Jérôme Michalon. Doctorant en Sociologie et Anthropologie Politique – Univ. J. Monnet – St Etienne. Centre Max Weber (UMR/CNRS).

Comment penser l’animal d’aide? Le statut du chien guide d’aveugle
Le statut et les représentations socioculturelles d’un animal sont d’autant plus pertinents à analyser qu’ils déterminent le traitement qui s’exercera sur lui. Les interventions assistées par animal sont, comme toutes les relations à l’animal, teintées d’anthropomorphisme, mais la spécificité du chien guide est d’être utile. En découlent des attentes, des normes, des représentations et des traitements adaptés à son rôle. Si le chien guide d’aveugle est un outil et un interlocuteur émotionnel privilégié, dans quelle mesure est-il socialement signifiant?
Caroline Vincelet. M2 Anthropologie sociale et historique, Univ. Toulouse 2.

Les Interventions Associant l’Animal envisagées par l’approche psychosociale
L’approche psychosociale pourrait représenter un intérêt pour explorer le champ des IAA puisqu’elle considère le comportement humain à partir des trois dimensions suivantes : soi, autrui et le contexte. Se positionner à partir du point de vue d’une « science des interactions » (Leyens, 1979) nous amène à considérer l’intervenant, les personnes bénéficiant des IAA, l’animal et le contexte. Cette présentation aura pour but de questionner les intérêts théoriques et pratiques de cette approche pour les personnes impliquées dans les Interventions Associant l’Animal.
Stéphanie Michenaud. CEPIHA, étudiante M2 Psychologie, Univ. Nantes.


Les interventions assistées par l'animal. Quelles connaissances? Quelles perspectives?
Après un court historique et une clarification de la notion d'intervention assistée par l'animal, il est proposé de faire un point sur les connaissances scientifiques actuelles. Pour cela, quelques fondements théoriques des IAA seront abordés. Puis, en s'appuyant sur plusieurs recherches empiriques, nous illustrerons l'hétérogénéité (e.g. public ciblé, animaux utilisés) ainsi que les biais couramment observés (e.g. méthodologie, contrôle, subjectivité) et proposerons des pistes de réflexion. Un accent particulier sera donné aux interactions entre les enfants avec autisme et les animaux.
Marine Grandgeorge. Dr ès Psychologie.

Les apports de la compréhension de la relation homme - cheval pour la recherche dans le domaine IAA
Si les différents champs de recherche touchant aux relations homme – animal ont connu un développement important ces quinze dernières années, l’IAA reste quant à lui, une sphère restreinte au sein de la recherche. Force est de constater que ces études sont trop souvent, basées sur une quête d’effets bénéfiques pour l’homme, laissant de côté les conséquences de l’unilatéralité pour le bien-être animal. L’observation de la relation cheval - enfant handicapé a permis de soulever des questions quant à la véritable place de l’animal dans les processus de soin, ainsi que le rôle de l’intervenant dans la prise de conscience de l’animal en tant que partenaire de la triade homme – intervenant – animal.
Sandra Toro Pena. Doctorante, univ. Paris V.

Quelle méthodologie utiliser pour analyser les programmes d’intervention assistée par l’animal ?
La question du choix de la méthodologie, la plus adaptée, pour décrire et évaluer les programmes d’intervention assistée par l’animal, est abordée à partir de l’exemple de deux protocoles de recherche s’intéressant aux interactions sociales pouvant exister entre un enfant atteint d’un trouble envahissant du développement et un animal (dauphin, chien). Les atouts de l’éthologie et de l’approche qualitative (notamment à travers la technique du Q-sort) sont développés.
Marie Maurer. Dr ès Psychologie, CEPIHA, postdoctorat Univ. Sherbrook (Canada).

Bien-être animal : l'arbre qui cache la forêt
L'inflation récente du terme "bien-être animal", tant dans la législation que dans les discours émanant des professionnels utilisateurs des animaux, ne peut que retenir notre attention. En effet, ce terme, dont on se demandera ce qu'il implique, est présenté comme la réponse aux critiques qui sont adressées aux utilisations les plus contraignantes et les plus violentes qui sont faites des animaux : élevage industriel,
transport, expérimentation. Dans le cas des interventions et thérapies assistées par l'animal, l'on a affaire à une pratique qui semble requérir une véritable relation entre une personne en situation de handicap ou de maladie et un animal qui lui répond. Pour qu'une telle relation s'établisse, ne faut-il pas nécessairement que soit pris en compte le bien-être de l'animal ? Est-ce le cas ? Est-ce dans cet esprit que ce travail demandé à l'animal est conçu et mis en oeuvre?
Florence Burgat. Philosophe, INRA.

Les IAA : les enjeux d’une réglementation
Une relation se crée entre deux acteurs dans les interventions assistées par l’animal : l’homme et l’animal. Depuis quelques années, un certain nombre de ces interventions se sont développées dans des structures accueillant différents publics. Professionnels et non professionnels exercent, sans qu’aucune réglementation ne vienne cadrer ce type d’exercice. Une réflexion autour de ce point permettrait de considérer à la fois le respect de la personne bénéficiaire et de l’animal médiateur et de mettre en avant la notion d’individualité.
Romy Sauvageot. CEPIHA, M2 Ethologie Appliquée, Médiatrice des relations hommeanimal.


Quel bien-être pour l’animal mis au service de l’homme ?
De nouvelles attentes découlent des récentes fonctions que l’on attribue à l’animal (de compagnie), telle que celle de « co-thérapeute ». Les TAA oeuvrent pour le bien-être de l’humain. Cependant dans quelle mesure le bien-être de l’animal est respecté au cours de ces pratiques (e.g. ses choix, ses préférences, sa fatigabilité…) ? Nous démontrerons le bienfondé de recourir à l’éthologie pour analyser cette relation interspécifique homme-animal. En conclusion, nous ouvrirons le débat sur les éventuels moyens d’offrir un cadre le plus respectueux possible des besoins fondamentaux de l’animal dans les TAA.
Mélanie Caritey. CEPIHA, M2 Ethologie Appliquée, psychologue.


Comment proposer des IAA tout en sensibilisant à la bientraitance de l'animal au sein de la famille?
Avant de proposer des IAA à l'intention des familles, il semble avant tout nécessaire de mesurer les conséquences que peuvent occasionner nos propositions : conséquences pour les membres de la famille, conséquences pour l'animal de la famille. C'est pourquoi les questionnements sont au coeur de notre démarche : Quels sont les besoins de l'animal? Une fois ces besoins connus, est-ce qu'il nous semble possible de proposer une IAA à destination de la famille? Quels sont les risques? Quelles vont être les compétences nécessaires pour les membres de la famille? Le message proposé va-t-il être bien compris par les familles?... Nous proposons de réfléchir à ces différentes questions à travers le récit de la préparation d'une journée que nous proposons autour du lapin, journée que l'Association Animaux au coeur de nos familles propose en partenariat avec la ferme du Bois des Bardis. 
Véronique Voisin. Fondatrice et Présidente de l’Association Animaux au coeur de nos familles.

L’accompagnement d’enfants et d’adultes en très grandes difficultés, à travers l ‘équitation Au travers de cette activité que nous pratiquons depuis une quinzaine d’années, nous souhaitions, dans un but thérapeutique, éducatif et rééducatif, qu’une relation se crée entre des enfants et adultes en très grandes difficultés et le cheval, au travers du toucher, du brossage, des caresses et des soins, où la notion de plaisir est travaillée. Le cheval est un lien au vivant, vecteur pédagogique très important. Il est très réceptif et se passe alors entre l'animal et le sujet, une réelle communication : peut-on parler de corps à corps?
Martine Darré. Educatrice spécialisée et formatrice.

Huit ans d’interventions bi-heddomadaires assistées par l’animal : comment va mon chien ?
Après un bref rappel de mes motivations et du mode de fonctionnement de l’association, j’aborderai la description des interventions du chien en institutions. Je décrirai comment l’ensemble de mes acquis de connaissances théoriques a amélioré ma prise en compte de la façon dont le chien pouvait vivre ces activités, et comment l’importance de ma relation avec lui a maintenu son dynamisme canin.
Catherine Ringuier. CEPIHA, bénévole active en IAA pour Parole de Chien.

Conclusions de la journée et perspectives envisagées
Véronique Servais et Fabienne Delfourconcluront conjointement cette journée en discutant avec les intervenants et les participants : des perspectives avancées, des
résultats énoncés, des manquements éthiques et des besoins d’une évaluation des pratiques. 
Véronique Servais. Pr. Anthropologie de la communication, Lab. Anthropologie sociale et culturelle, Univ. de Liège.
Fabienne Delfour. Dr ès Ethologie Cognitive, Univ. Paris V et Liège, CEPIHA, Dir. Animaux et Compagnies.

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