Pour les parents, un enfant autiste peut correspondre à une perte de « l’enfant idéal ». La cohésion de la famille peut être affectée par le stress généré par les comportements imprévisibles de ces enfants (Bryson & Smith 1998). Souvent, ces parents rapportent que chaque activité quotidienne peut devenir source de problème (ex : gérer le regard des clients d’un magasin lors d’une crise). La famille peut alors se retrouver socialement isolée.
De nombreuses personnes s’intéressent aux stratégies potentielles de diminution de ces problèmes ainsi qu’au fait que ces familles puissent sortir de leur isolement social. Une des solutions proposées est l’intégration d’un chien d’assistance au sein de ces familles. Ce chien prend alors différentes fonctions :
(1) La sécurité de l’enfant autiste
(2) Une stimulation multisensorielle qui peut combattre les problèmes sensoriels et affectifs de l’enfant autiste (Redefer & Goodman 1989)
(3) Un objet transitionnel qui permet à l’enfant autiste d’établir des liens avec le chien et ensuite étendre ces liens aux autres êtres humains (Martin & Farnum 2002)
(4) Un agent facile à comprendre et interpréter car il a des actions simples, répétitives et non verbales (Redefer & Goodman 1989)
Burrows et al (2008) concluent sur le fait que la plupart des recherches sur l’efficacité des chiens de service se mènent sur des thérapies temporaires. Ainsi, il n’est pas possible d’inférer sur des effets potentiellement identiques avec des chiens vivant au sein même de la famille.
Afin de répondre à ce manque, Burrows et al ont mis en place une étude utilisant une approche éthologique. Elle a pour but de répondre aux questions suivantes :
(1) Identifier et décrire les patterns importants de la relation entre le chien, l’enfant autiste et la famille.
(2) Tirer des conclusions sur l’organisation de ces comportements et leurs fonctions.
Dix familles ont été suivies entre 6 mois et 1 an, à un intervalle de 3 mois. Les observations se passent en semaine dans des situations standards (ex : maison, trajet en voiture, école…). Tout est filmé et couplé à des notes détaillées écrites et audio. Ceci est recoupé avec des interviews avec les parents.
L’équipe de Burrows et al arrive à différents résultats :
(1) Le chien comme une sentinelle de sécurité
Le chien est perçu comme un « parent » supplémentaire, une paire d’yeux complémentaire. En intégrant l’animal dans la famille, les parents se sentent plus sécurisés, surtout la nuit. En effet, l’animal surveille les comportements de l’enfant autiste (ex : fuite du domicile)
(2) Le chien comme compagnon de l’enfant
De façon générale, les parents reportent une grande variété de tâches qui sont facilitées par la participation du chien. L’exemple souvent cité par les parents est que le chien permet de réguler le pas de l’enfant autiste qui marche derrière lui. Le déplacement de la famille est facilité et moins stressant. Bien que les sujets inclus dans cette étude soient très différents dans leurs comportements, les parents rapportent une diminution de l’anxiété, une augmentation du calme de l’enfant, une réduction des caprices, etc… Dans de nombreux cas, ils rapportent que leur enfant est tout simplement plus heureux.
(3) L’attention portée à l’enfant autiste est déviée vers le chien
(4) Le répit et la relaxation individuelle, les loisirs de la famille
Pour les parents, voir le lien entre leur enfant autiste et le chien est fondamental pour accepter le chien chez eux. De plus, le chien assurant une part de la sécurité et facilitant les activités, les parents sont moins stressés et se donnent plus de temps de repos et de loisirs.
(5) L’amélioration du statut social de la famille
Le chien d’assistance s’avère être une fierté pour les autres enfants de la famille. L’attention que les autres portent à la famille est plus positive que celle précédemment reçue sans le chien. Ainsi, l’animal tient un rôle central qui facilite les relations externes de la famille en déviant l’attention focalisée initialement sur l’enfant autiste.
(6) La facilitation de l’ouverture et de l’éducation à l’autisme
En facilitant les interactions sociales, le chien permet aux gens d’être plus ouverts, plus compréhensifs et plus tolérants vis-à-vis de l’autisme.
En conclusion, le chien d’assistance donne un sens de sécurité et améliore le bien-être et la qualité de vie des familles. Il joue un rôle social en étant le compagnon de l’enfant autiste et de la famille et en jouant un rôle de catalyseur social dans la société. Adopté initialement pour l’enfant autiste, il s’avère que le chien est bénéfique pour l’ensemble de la famille. Il est intéressant de noter qu’aucun parent n’a reporté de déclin dans les comportements des enfants autistes ou dans les activités pratiquées par la famille suite à l’arrivée du chien. Burrows et al précisent tout de même que la 1ère année de l’arrivée de l’animal n’est peut être pas la plus représentative de la relation car le développement des liens entre les Hommes et les Animaux restent un processus lent.
D’après Burrows et al (2008) Sentinels of safety: service dogs ensure safety and enhance freedom and well-being for families with autistic children. Qual Health Res, 18:1642-1649
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