mardi 1 mars 2011

Une comparaison des interactions sociales des enfants avec les chiens robots et avec de vrais chiens

Dennis C. Turner, président de l'Institut de recherches interdisciplinaires sur la relation entre l'homme et l'animal, Filomena Ribi (à l'époque, en cours de préparation d'un diplôme de biologie du comportement à l'Université de Zurich) et Aki Yokoyama, psychiatre et professeur au Japon, ont entrepris des recherches durant les années 2002 et 2003, dans le cadre d'une étude sur le développement des relations entre les enfants et les «animaux».

Au Japon, où les thérapeutes ont des difficultés à obtenir l'accès des animaux de compagnie (en particulier des chiens) aux hôpitaux et aux cliniques, des tests sont effectués sur l'utilisation d'animaux robots comme alternative aux chiens vivants. La robot-thérapie (RGT) part – consciemment ou inconsciemment – des deux principes suivants:
- les patients/clients montrent au moins autant d'intérêt pour des «animaux» électroniques, mécaniques et capables d'apprendre que pour de véritables compagnons
- cet intérêt ne disparaît pas au cours de la période de traitement.

Procédure

Les chercheurs ont vérifié ces hypothèses au sein d'écoles maternelles et de groupes de jeux zurichois avec 14 enfants en bonne santé durant 22 semaines. Les autorisations nécessaires de la commission pour les expériences sur les animaux et de la commission d'éthique, des directions des établissements scolaires, des institutrices et des parents d'élèves ont été obtenues. Les enfants (8 garçons et 6 filles, tous âgés de 3 à 6 ans) ont été invités (et non pas forcés!) à interagir, durant 5 minutes par semaine dans une salle attenante au jardin d'enfant avec «Snappy», un toutou vivant aimant les enfants (11 premières semaines) ou avec «AIBO», le modèle Sony ERS-210, (durant les 11 semaines suivantes). Les interactions ont été enregistrées sur cassette vidéo puis évaluées statistiquement pour le rapport.


Résultat
Les enfants ont participé bien plus souvent (81,8%) aux réunions avec Snappy. «Seuls» 69,5% des enfants ont été prêts à rencontrer AIBO. Toutefois, les enfants se rapprochaient un peu plus souvent d'AIBO que de Snappy, bien que ce dernier se soit approché des enfants plus souvent qu'AIBO, ce qui dans les deux cas pourrait s'expliquer par de la curiosité. Les enfants ont plus souvent touché (rapidement) AIBO, alors que Snappy a le plus souvent été caressé. A la fin des observations, des interviews avec les enfants ont montré que 10 enfants sur 14 ont préféré le chien vivant comme partenaire social, 3 aimaient bien les deux «animaux» et un seul a préféré le robot.

Comparaison entre les pays

Une deuxième étude comparative a permis d'analyser si les enfants de deux groupes culturels (Asie orientale et Europe de l'Ouest) réagissent différemment face à de tels animaux de compagnie robots. Les observations ont été menées en même temps en Suisse et au Japon dans des conditions quasi identiques. Les enfants faisant preuve d'initiative et qui ont d'abord touché AIBO de façon active n'ont presque pas eu de réactions négatives face au chien robot. Toutefois les enfants japonais ont interagi plus souvent de manière positive avec AIBO que les enfants suisses. D'après le résultat, nous pouvons en conclure que les enfants suisses ont besoin de plus de temps pour s'habituer à un robot alors que les enfants japonais perdent plus rapidement l'intérêt pour ce dernier.

Interprétation

Les différentes réactions des enfants peuvent s'expliquer par le fait que les enfants japonais provenant d'un milieu urbain grandissent dans un environnement hautement «technologisé», avec notamment des salons de jeux vidéo où des bruits et des lumières clignotantes semblables à ceux d'AIBO les distraient. Les enfants suisses ne font que rarement ce type d'expérience et certains d'entre eux ont même eu peur des bruits et des lumières d'AIBO.

D'autres expériences devront être effectuées afin d'analyser le "lien" des enfants avec un tel animal de compagnie robot en examinant séparément les effets tels que la nouveauté, la peur, l'habitude et l'ennui.

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