jeudi 3 juin 2010

La relation à l'animal, pas toujours bénéfique?

Qui n'a pas entendu, lu, vu... que la relation à l'animal pouvait être "magique" et bénéfique pour les enfants autistes? Comme j'essaye de le faire passer depuis longtemps dans mon site Internet et mes communications, il est nécessaire de relativiser les éléments qui nous sont montrés...et donc aussi cachés! Et ainsi être moins radical...

L'équipe du Center for Autism and Related Disorders aux USA s'est justement intéressée à un cas de maltraitance d'un garçon autiste envers son chien. Ce papier est publié dans la revue Research in Autism Spectrum Disorders du mois d'avril 2010 (pour l'accès au résumé, cliquez ici).

Après un rappel des bénéfices de la relation à l'animal (physiques, physiologiques), les auteurs pointent la présence de multiples thérapies intégrant l'animal pour de multiples problèmes dans diverses conditions. Cette hétérogénéité participe au faitsque peu d'études ont été menées sur les interactions entre les animaux de compagnie et les individus avec problèmes de développement.

L'étude présentée s'intéresse à un enfant avec autisme (étude de cas) qui maltraite son chien et à la mise en place d'une intervention comportementale pour faire face au problème.

METHODES

1. Information sur l'enfant

Jay est un garçon de 6 ans, diagnostiqué autiste, et qui est capable de communiquer ses besoins avec des phrases. Depuis 2 mois, Jay présente des comportements inappropriés envers son chien (cad mettre ses doigts dans l'anus du chien). Jay commence à reproduire les mêmes comportements avec les chevaux de la famille, ce qui pourrait lui être fatal.
Le chien, âgé de 14 ans, manifeste son énervement par des pincements, des gémissements mais n'a jamais mordu.

2. Mesures

Dans cette étude, les tentatives de ces comportements inappropriés vont être relevées - et non le comportement en lui-même car il sera stoppé, notamment pour le bien-être de l'animal.

Une recherche préliminaire suggère que ces comportements sont entretenus par l'attention des adultes et un renforcement par le comportement réponse du chien.

3. Procédure

Les sessions sont filmées et cotées par la suite. Elles ont une durée moyenne de 10 minutes. Les auteurs précisent qu'un "reversal design" est utilisé avec trois types de session:
- BASELINE: enregistrement du nombre de tentative de comportements inappropriés avec 10 secondes réprimandes verbales (comportement similaire à celui des parents).
- DRA: avant chaque session, on précise à l'enfant : "quand tu touches le chien gentiment, tu as un bonbon". Pendant la session, lorsque un bon comportement est observé, une parole gentille est dite et un jeu avec le thérapeute a lieu.
- DRO: avant chaque session, on précise à l'enfant : "si tu ne touches pas l'arrière train de ton chien, tu auras ##renforcement adapté aux envies de l'enfant##". S'il n'y a pas eu de comportement inapproprié, Jay choisi sa récompense à la fin de la session.

RESULTATS ET DISCUSSIONS

La session DRO a permis l'effacement des comportements inappropriés envers le chien. La session DRA permet l'augmentation des comportements appropriés mais pas de diminution des comportements inappropriés.

D'après les auteurs (et d'après moi), c'est la 1ère étude qui rapporte une diminition de la maltraitance d'un animal de compagnie dans le cas de l'autisme, tout en gardant le cadre de vie de l'enfant (les sessions sont réalisées à domicile).

Bien qu'il y ait eu des progrès, cette étude à deux limites principales:
- on ne sait pas pourquoi DRO est plus efficace que DRA
- cette étude est non généralisable (étude de cas unique)

PERSPECTIVES

Désormais, il est nécessaire d'observer ce qui se passe en dehors des sessions (maintien ou non des éléments acquis). De plus, des recherches pourraient se mettre en place sur la maltraitance animal et les potentielles stratégies thérapeutiques pour y remédier, et cela avec de grands effectifs.

Référence: Bergstrom, R. et al (2010) Behavioral intervention for domestic pet mistreatment in a young child with autism. research in autism spectrum disorders, in press




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